La technique peut-elle changer la condition humaine?

La technique peut-elle changer la condition humaine ?

Comment la technique peut-elle s’imposer, comment peut-elle avoir un impact sur notre liberté, ou sur notre volonté? Comment parvient-elle à s’imposer à nous? La technique nous impose-t-elle une manière de vivre ou une manière de penser? Si la technique, produit de la raison humaine, nous impose quelque chose, n’est-ce pas dans un but réfléchi et précis? La technique n’a-t-elle pas pour but d’améliorer notre manière de vivre? Et si elle améliore notre vie quotidienne, ne prend-elle pas une part dans notre façon de penser? Mais le verbe "changer" ne remet-il pas en question ces effets? Le technique est-elle propre à l’homme ? La technique doit-elle apparaître comme un facteur de déshumanisation, d’esclavage de la pensée comme de la manière de vivre?

Par technique on peut désigner des objets ; l'outil ou la machine sont des objets techniques, un marteau, un appareil electro-ménager, un ordinateur. Mais le mot technique désigne également des procédés, des méthodes qui ne font d'ailleurs pas toujours intervenir des objets extérieurs à l'homme, certes il faut une certaine technique pour utiliser un outil ou une machine, mais on parlera également en matière de commerce, de technique de vente. En sport par exemple, le seul outil dont dispose l'homme est son propre corps et l'on parle également de technique dans ces domaines. D'autre part ce terme renvoie à une réalité plus vaste, à une certaine organisation des savoirs et des savoir-faire, ainsi dans notre lycée la majorité des filières proposées sont qualifiées de technique ou technologiques, notre monde est lui-même défini comme celui du règne de la technique. Ce terme désigne toute activité de l'ordre de la fabrication, de la production ou de la construction, en ce sens la technique ne fait pas de différence entre le beau et l'utile et ne se différencie pas de l'art. Cependant si l'on voulait caractériser en quelques mots tout ce qui relève de la technique on pourrait dire qu'appartient au monde de la technique tout ce qui concerne la mise en oeuvre de moyens en vue d'une fin, pour produire des objets en transformant la nature, pour résoudre les problèmes pratiques que nous rencontrons dans l'existence ; tout ce qui relève de l'utile. Les techniques servent essentiellement à mettre à notre disposition quelque chose qui ne se présente pas spontanément à nous, qui n'est pas immédiatement à notre portée et dont on a besoin ou dont on juge avoir besoin. Elle sert essentiellement à transformer ce qui est donné. Transformer au sens précis de faire changer de forme, donner une forme déterminée à une chose qui immédiatement en a une autre ou qui n'en a pas. C'est-à-dire, produire une chose qui n'existe pas avec des éléments qui eux existent.

L'homme est le seul être vivant à pratiquer une activité technique. L'animal ne prend pas ses distances par rapport à la nature, s'il la transforme, il n'est pas pour autant en mesure de transformer les moyens par lesquels il la transforme, c'est pourquoi il n'y a pas chez l'animal de progrès techniques. Ainsi, même les animaux supérieurs qui utilisent des "outils" (le singe qui se saisit d'un bâton pour faire tomber les fruits d'un arbre) ne conservent pas cet objet afin de le réutiliser dans une autre occasion ou de le perfectionner. L'homme en revanche par son activité technique s'écarte, se distancie de la nature comme s'il voulait en devenir le maître. Il n'est plus aussi certain aujourd'hui que, progrès technique et bonheur aillent ensemble, la technique (appartenant de façon pleine et entière au monde des échanges, de la production ainsi qu’au commerce) peut tout autant être un outil de libération qu'un moyen de destruction. Les machines peuvent épargner à l'homme un travail pénible comme elles peuvent réduire son autonomie dans le travail, comme ce fut le cas lorsque furent mises en place les premières chaînes de production industrielle. La technique a fait avancer l’humanité : de l’homme préhistorique à l’homme de nos jours, les progrès techniques ont été fulgurants et ont donc modifié la vie de l’être humain. Grâce au progrès nous avons exploré l’espace (nous sommes allés sur la Lune), nous avons créé Internet (pour la communication internationale), nous avons facilité notre mode de vie (de nouveaux types de véhicules de transports, des avions). La recherche a fait avancer aussi la médecine, ce qui a permis d’augmenter notre espérance de vie.

De même la maîtrise de l'homme sur la nature nous fait parfois oublier que l’on doit, au moins par prudence, être attentif à la préservation de notre environnement de façon à ne pas rendre de plus en plus difficile sa survie sur la planète et à conserver à son milieu une richesse naturelle dont on aime apprécier le spectacle. De nos jours, la pollution entraîne un réchauffement de la planète (l’effet de Serre) qui est entrain de modifier notre planète ainsi que son climat. Les machines (qui ont remplacé l’homme) ont entraîné un chômage qui a touché une partie importante de notre population et ce qui a entraîné des problèmes économiques. De nouvelles maladies ont été créées comme le stress (beaucoup de personnes sont touchées par des dépressions nerveuses). La technique a aussi modifié l’attitude de l’homme, mais a aussi principalement modifié l’éducation et l’évolution des enfants. Les enfants ainsi que les adolescents passent beaucoup plus de temps sur une console de jeu ou sur un ordinateur qu’à pratiquer des activités en famille, ce qui entraîne un manque de dialogue et de communication entre parents et enfants d’où plus de problèmes psychologiques.

Il est donc nécessaire dans le cadre d'une réflexion philosophique sur la technique de s'interroger sur la question des fins que l'homme poursuit à l'aide des moyens qu'il peut inventer grâce à son ingéniosité. Face à cette fascination des hommes pour la puissance dont on se croit détenteurs, il convient de ne pas oublier que la technique ne concerne que les moyens dont nous disposons et que ces moyens ne doivent en rien nous imposer notre manière d'être et d'agir, qu'ils ne contiennent pas en eux-mêmes une fin à laquelle nous ne pourrions échapper. Le progrès technique ne doit pas nous aveugler et nous ne devons pas nous laisser entraîner par une volonté démesurée de puissance sur la nature, la prouesse technique n'a en elle-même rien de respectable si elle ne contribue pas à rendre les hommes plus libres, plus sages et plus heureux.

LIEBENGUTH Romain

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